Journal d'Adrian

Il ne me prit pas longtemps pour comprendre ce qui était en train de se produire, je perdais la raison. Les minutes semblaient des heures et les semaines des décennies. J'attendais en vain que la douleur passe, qu'elle s'épuise et se perde, mais rien n'y faisait. Toujours lancinante et brutale, elle me déchirait de l'intérieur, et moi je l'ignorait, tant que je pouvais du moins. Bien que je l'ai toujours été, je ne m'était jamais sentit aussi mort qu'aujourd'hui. Cela faisait deux semaines précisément que Tom était partit. Après quelques vains efforts pour le retenir, j'avais finit par laisser tomber, ou plutôt me laisser tomber...chaque jour un peu plus bas. Je me demandais ou déboucherais cette chute, je ne pouvais pas mourir naturellement, alors je m'enfonçais chaque jour plus profondément touchant du doigt les abysses infernales.

J'avais rendu les armes, ne voyant plus l'intérêt de lutter. Qu'il m'aime un peu ne me suffisait pas. Je n'aurait jamais pu m'en contenter de si peu. Je m'étais donné à lui avec tant de confiance! Peut être un peu trop facilement. Aujourd'hui son cœur ne m'appartenais plus, ou alors il aurait fallu que je le partage ? La rage empourprait à nouveau mon visage, jamais. Il ne l'a jamais comprit, ou alors trop bien au contraire. Il est avec lui, et moi je suis seul, j'attends, qu'il meure tout simplement.

Vais-je rester passif encore longtemps ? Je m'en veut d'être aussi faible. Adrian Merter est mort, le jour où son frère l'a quitté. Je ne me reconnais plus, et pourtant c'est toujours ce même visage impassible que je côtoie chaque matin, peinant à maquiller ses peines d'un coup d'eye-liner. « Réveille-toi » ai-je envie de crier au reflet dépérissant qui me fait face. Mais rien n'y fait, ma volonté s'est envolée. Alors j'ai envie de crier à l'aide, que quelqu'un m'entende, que quelqu'un vienne m'aider à faire ce que je n'ai plus le courage de faire seul. Remonter, m'en sortir. Mais mon cœur saigne, il faut stopper l'hémorragie.