A l'improviste [ Adrian ]

Je ne sais même pas pourquoi je suis là. Je ne sais pas pourquoi mes pieds m'ont mené ici alors que je fuis cet endroit comme la peste. Enfin, ce n'est pas forcément l'endroit que je fuis. je le fuis lui. Mon propre frère. Je suis tellement lâche que je ne reste pas dans le même lieu que mon double. Je ne suis qu'un con c'est pas possible. Je m'en veux. je m'en veux de l'avoir laissé tout ce temps alors qu'il me manque affreusement. Je m'en veux de l'avoir abandonné alors qu'il avait besoin de moi? J'aimerai tellement qu'il me pardonne même si je sais qu'il ne le fera jamais.
Je suis devant la porte d'entrée et j'ose à peine la pousser. Je prends une grande inspiration et je finis par entrer. Immédiatement je ferme les yeux me laissant envahir par son odeur à lui. Tout ici me fait penser à Adrian. Peut-être est-ce aussi pour cette raison que j'ai voulu fuir cet endroit. Je continue donc d'explorer le manoir, le cherchant, pensant le voir apparaitre à chaque recoin de pièce.
Je me dis alors qu'il doit être dans sa chambre. Oui sûrement, vu l'heure qu'il est il doit encore prendre son temps pour se faire beau. J'avance tranquillement dans le couloir et j'arrive devant sa chambre. La porte est entrouverte. Et je le vois enfin. Il est en train de se coiffer. Je reste l'observer quelques secondes, le trouvant magnifique. Je pousse un peu plus la porte pour mieux l'apercevoir et je ne peux m'empêcher de lancer...

"Pour qui tu te fais aussi beau? Je le connais au moins?"

Comme quoi les phrases taquines n'étaient pas partie. Je reste le fixer, légèrement imide, ne sachant pas quoi faire. Je me sens de trop sans doute.

Face à mon reflet je réfléchissait au dernières options qui s'offraient à moi, lissant mes cheveux aussi noirs que mon regard assoiffé. Cela faisait plus de deux semaines que je n'avait pas chassé, trop absorbé par mes idées noires et ma peine. Je devais réagir, redevenir celui que j'avais pu être. Mais je n'aurait pu changer une chose, j'étais le frère de Tom. Il m'avait abandonné pour mon bien et l'idée qu'il puisse revenir semblait s'évaporer de jours en jours. Que me restai-il sans lui ? Plus grand chose a part l'inlassable immortalité, qui n'avait a présent plus aucun sens sans lui. Je devais être stupide, j'aurais voulu qu'on m'atrophie d'une partie de moi même, celle qui n'était que le reflet de Tom, pour pouvoir vivre comme il voudrait que je vive. Je voudrais pouvoir exister, sans lui, mais ça semblait tellement impossible. Lui il avait Ethan, mais moi j'avais qui ? Je l'aimais bien trop pour songer à avoir des sentiments pour quelqu'un d'autre, la barrière de mon cœur était définitivement fermée.

Une odeur reconnaissable, vint m'arracher a mes réflexions tandis qu'un visage apparaissait dans le reflet du miroir, celui de l'être aimé. Sa voix, sensuelles caressa doucement mon oreille, je fermais les yeux puis les ré ouvrait, avais-je rêvé ? Je tentais de rassembler ce qui restait de mon esprit pour tenter de lui répondre.

« Il n'y a personne Tom. Je vais juste chasser, tu devrais t'écarter, j'ai pas dîné depuis deux semaines. » Dis-je simplement.

Je reste impassible. J'essaye de faire comme si de rien n'était. Alors que je suis mort de trouille à l'intérieur. Je suis sûr qu'il va me rejeter. Il ne peut faire que ça et il a raison. Je ne mérite que ça. Je ne suis qu'un salaud rien de plus. Je reste fixer son dos, je n'arrive toujours pas à croiser son regard. Puis mes yeux vagabondent de sa taille à son reflet dans le miroir. Putain pourquoi je ne suis pas resté? Pourquoi je l'ai laissé? Je ne suis qu'un connard! Je ne me le pardonnerai jamais. Dans quel état tu es Adrian? Il est toujours aussi beau mais on voit clairement qu'il a faim. Je ferme alors les yeux en entendant sa voix. Rien qu'elle m'avait manquée au plus haut point. Je soupira légèrement en entendant sa phrase. Deux semaines... Exactement depuis quand je suis parti. Il ne laisserait pas mourir de faim uniquement par ma connerie... Enfin j'espère mais je sais très bien que tout est de ma faute.
J'ose enfin faire un pas dans sa chambre. J'ose enfin m'avancer vers lui. Je reste quelques secondes dans son dos, ne le touchant pas mais mes doigts viennent frôler sa hanche. J'aimerai tellement le toucher, le prendre dans mes bras mais je me fais violence. Je vois alors nos reflets dans le miroir, côtes à côtes, comme avant. Avant... Cette période me parait si lointaine à présent. Et j'ai tout gâché. Je soupire une nouvelle fois et je viens me placer à ses côtés. Je lève une main qui va doucement se poser sur sa joue pour qu'il me regarde enfin. Je ne peux empêcher ma main de caresser cette peau si froide mais qui m'arrache tellement de frissons.

"Ne sors pas Adrian. Bois mon sang. Après tout, je te dois bien ça."

Il adore mon sang, je le sais. Je veux vraiment qu'il me morde moi. J'ai toujours tout accepter de sa part. Qu'il me morde ne me fait absolument rien. Après tout, Adrian peut faire tout ce qu'il veut de moi. Je plonge enfin mon regard dans ses yeux noisettes qui me paraissent si vides à cet instant précis. J'aimerai même y voir de la haine, y voir un quelconque sentiment. Je veux le voir vivre et non se laisser mourir de cette manière. Je retire alors doucement ma main de sa joue, ne voulant pas prolonger le contact au risque de le gêner.

J'avais sérieusement envisagé la mort pendant ces semaines de souffrance ou il m'avait abandonné sans savoir réellement comment je comptait m'y prendre, j'avais fini par me contenter de la plus simple et la plus lâche, j'allais me laisser dépérir, cesser de chasser, et rester enfermé ici. La chambre ou je me trouvait portait d'ailleurs les stigmates de cette souffrance, Le bordel reignait en maître, alors que j'avais toujours été quelqu'un d'ordonné, le papier peint des murs étaient déchiré.
La main de Tom avait entrepris de caresser ma peau glacée, les frisson me parcoururent sans que je puisse les contrôler. Ce contact me répugnait autant qu'il avait pu me manquer. J'aurais voulu lui dire d'arrêter, j'aurais voulu qu'il m'oblige a n'être qu'un frère, peut être que j'aurais réussi, je ne demandais qu'une chose, qu'il reste. Etait il revenu pour me torturer, alors que j'avais songé cette nuit là de me prendre en main ? Sa main était à présent sur ma joue et je dût la lui retirer à regrets, je ne supportait sûrement pas une nouvelle absence.

« Je suis désolé Tom, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. »

Il me proposait de m'abreuver de son sang m'épargnant une sortie, j'aurais volontiers accepté, mais cette soif était si intense que j'naurais sûrement pas pu m'arrêter.

« J'ai trop faim Tom, je vais te faire du mal, tu devrais passer voir Papa et Maman, ils s'inquiètent tu sais. » Dis -je tristement.

Je ne peux m'empêcher de baisser les yeux en sentant Adrian repousser ma main. Je m'en doutais pourtant mais ça fait quand même mal quand on le vit. Je m'en mords légèrement les lèvres avant de reposer mon regard sur mon frère. Je soupire en l'entendant parler de nos parents.

"Non, ils ne s'inquiètent pas pour moi. Ils savent très bien que j e peux me démerder. C'est plutôt toi qui m'inquiète Adrian. Regardes dans quel état tu es, à cause de moi..."

Je culpabilise. Je n'arrête pas de m'en vouloir. J'aurai dû rester. Ou bien j'aurai du revenir dès le lendemain. Mais non, il a juste fallu que je joue au con, encore une fois. je ne suis qu'un con. je ne mérite pas tout ce que je vis. je ne mérite pas d'avoir un frère qui m'aime autant, qui m'aime beaucoup trop. Il n'aurait jamais du ressentir pour ça. Je suis né pour faire souffrir les humains, pour me jouer d'eux et au final je ne fais que faire souffrir mon propre jumeau. Je suis détestable. Je vais pour lever une nouvelle fois ma main pour la poser sur la joue de mon double mais je me ravise. Je ne peux pas lui faire ressentir le moindre frisson alors que je ne le mérite pas. Pourtant j'ai envie de l'embrasser. Là tout de suite, je veux presser mes lèvres contre les siennes. Mais je ne peux pas. Je m'en empêche pour ne pas le blesser un peu. Je sens qu'il ne le supportera pas.

"Je... Je vais y aller. Je t'ai assez dérangé je pense..."

Je ne rajoute pas un mot et je sors de sa chambre pour aller dans la mienne. Je ne peux même plus rester dans la même pièce que lui. Je ne peux pas l'empêcher de faire ce qu'il veut. De toute façon il doit faire sa vie. Et même si c'est sans moi, je dois l'accepter. Peut-être qu'il le vivra mieux si je ne suis pas là. Oui, il le vivra sûrement mieux.

Et il part, encore. Un regard triste, le bruit d'une porte qui se referme, des bruit de pas qui s'éloignent, et je suis de nouveau seul, sombrant à nouveau dans un cauchemar. Je ne veux pas qu'il parte, je l'ai trop attendu, j'ai trop souffert de son absence. Mes jambes sont flageolantes, je ne sais pas si j'aurais la force de me lever, mais je n'ai encore moins de force pour le laisser partir. Je me lèvre péniblement et me laisse guider par son odeur pour arriver jusqu'à sa chambre ou il est là sûrement aussi mal que moi, si c'est possible.

Je m'approche doucement, d'une démarche mal assurée, et l'enlace soudainement, mes lèvres viennes happer les sienne tendrement, je ne sais plus ce que je fais, mais je sais que j'en ai envie et ca me suffit. Je veux qu'il saches à quel point je peux l'aimer, même si je sais que sa décision est prise et que je ne pourrais pas la changer, il aime cet humain et moi je ne peut décidément rien contre ca, mais si il m'aime aussi, c'est peut être suffisant nan ? Oh et puis j'serais sûrement faire semblant de ne pas en souffrir, de toute façon, il est plus fort que je ne le suis, vivre sans lui m'est impossible et je crois avoir découvert qu'on est capable de bien des choses par amour, même à s'oublier. Désormais il ne verra rien, je vais simplement m'offrir à lui et profiter des rares moment ou j'ai l'impression d'être le seul à ses yeux. Je relâche la pression sur ses lèvres et le regarde les yeux brillants. Je suis face à lui et commence a me déshabiller pour qu'il comprenne ou je veux en venir, il ne pourra pas me refuser ça.

Je suis dans ma chambre. Seul. Seul comme je devrai tout le temps l'être. j'ai mal. Je m'en veux. Je ne supporte plus ce que je lui fais endurer surtout que je ressens ce qu'il vit. Je jette un coup d'oeil à ma chambre, celle-ci n'a pas bougée. Je me retourne alors pour voir Adrian. Je n'ai pas le temps de dire un seul mot qu'il est déjà dans mes bras et qu'il m'embrasse. Je réponds à son baiser, j'en avais tellement envie. Je mets tout ce que je ressens pour lui dans ce baiser. Mes mains se nichent dans le creux de ses reins pour le coller encore plus à moi. J'aimerai mourir à cet instant précis, rien qu'en l'embrassant. Je le mériterai en plus. Mais alors que je souhaite le continuer, je sens ses lèvres s'éloigner. Je reste alors fixer ses yeux brillants qui me déchirent un peu plus. Et là je le vois se déshabiller. Non. Non, ce n'est pas ce que tu penses. Je n'attends pas ça de toi Adrian. Je n'attends pas du tout ça. Je veux parler mais un simple murmure passe mes lèvres.

"Non..."

Je n'ai réussi qu'à dire ce mot. J'attrape Adrian par la main et je l'attire contre moi. Ma main vient caresser sa joue, tendrement.

"Je ne veux pas de ça Adrian. Je ne cherche pas que ça. Je veux juste..."

Je ne termine pas ma phrase et je l'emmène vers mon lit. Je nous y allonge et je l'attire contre moi, tous contre moi. J'ai besoin de sentir son corps contre le mien. Mes lèvres vont se poser sur son front avant de descendre vers ses lèvres. Je l'embrasse d'abord en surface, je veux juste un contact. Mais très vite je demande à approfondir ce baiser. Je ne veux que ça, l'embrasser et l'aimer. Je ne demande que ça. Le garder contre moi, le voir sourire. Mais encore une fois j'ai tout gâché...

Je l'embrasse, me laissant aller, j'ai l'impression que la douceur avec laquelle il me touche vas combler les brèches qu'il y a dans mon cœur. Alors que je me déshabille, il me dit ce mot que je ne voulait pas entendre « non » Comment peut il me dire non, je sens que des larmes vont jaillir à nouveau de mes yeux, mais il m'entraine avec lui sur son lit, ou il m'enlace et me sers contre lui, je me détends et le laisse embrasser mes lèvres, j'voudrais rester comme ça des heures, je ne veux plus qu'il me quitte, même si il le fera sûrement, après tout il faut bien qu'il voit son copain. Pourquoi meme dans les meilleurs moment il faut que je pense à lui ? Jvoudrais qu'Ethan soit jaloux lui aussi, ça serait surement plus facile a supporter si nous étions égaux devant la souffrance. Je resserrais mon étreinte et déposai un baiser dans le cou de Tom.

« Restes avec moi... » murmurai-je

Je veux rester comme ça. Simplement comme ça. je le veux simplement dans mes bras. Je ne demande rien de plus. Il est mon frère, mon jumeau,mon sang, ma vie. On se ressemble tellement et on est si différent. Je fais souffrir toutes les personnes qui m'approchent alors que lui ne fait que m'aimer. Je me hais. Je suis un vrai monstre. Comment j'ai pu lui faire autant de mal après ce que je lui ai promis tant de fois. Pourtant je l'aime toujours autant. Je veux le protéger, le garder près de moi... Et je n'y arrive pas. Je me sens misérable. Mes bras l'entourent alors qu'en fait je suis incapable de le protéger, de le rassurer et de l'aimer comme il le mérite. Je suis tellement désolé, si tu savais petit frère comme je m'en veux. Mes mains caressent d'elle-même le dos de mon double. J'entremêle nos jambes pour que nos corps se rapprochent encore plus. J'entends alors sa demande. Mes doigts se crispent légèrement sur sa peau. Je ne peux pas lui refuser ça. Pourtant j'aurai du partir, je devrai partir pour lui éviter de souffrir à nouveau. Un frisson parcourt encore mon dos alors que j'ai encore la sensation du baiser qu'il vient de déposer dans mon cou.

"Très bien, je reste Adrian..."

Je ne viens pas de lui dire que je revenais au manoir mais je reste avec lui au moins pour cette nuit. Je reste à ses côtés. Je reste avec lui. Je ne veux pas le quitter. Je n'y arriverai pas. Pas ce soir en tout cas. Et je crois que je lui ai fais assez de mal comme ça. Mais il doit boire, il a faim, il n'arrivera pas à s'en remettre s'il ne se nourrit pas. Ma main se pose sur sa nuque et amène doucement son visage jusqu'à mon cou.

"Mords-moi. Tu en as besoin. Je te fais confiance pour t'arrêter quand il le faudra."

Pourtant je ne suis pas du genre à donner ma confiance à tout le monde mais je confierai ma vie à mon double. Je respire un grand coup et je le colle un peu plus à moi. Il doit le faire. Je veux qu'il le fasse.

Je souriait pour la première fois depuis de longues semaines, il restait près de moi, mais pour combien de temps ? J'aurais voulu qu'il comprenne que je ne pourrais pas le laisser repartir maintenant qu'il était revenu me sauver d'une dépression qui allait m'être fatale. Je préférais ne plus y penser, oublier les échéances, tout oublier, profiter de l'instant présent. Mes lèvres étaient collées cotnre son cou de marbre, 'jy déposait quelques baiser, puis m'attardais plus haut vers le creux de son oreille pour souffler des mots qu'il avait sûrement besoin d'entendre de vive voix, pour en comprendre l'ampleur.

« Je t'aime. Ne me quittes plus jamais. »

C'était une demande, bien qu'elle ressemblât à un ordre, je voulais qu'il la comprenne comme il le voudrait du moment qu'il la prenne en compte. Je resserrais mes bras autour de son corps pour intensifier le contact qui nous liait déjà. Tom renouvela alors sa proposition mais même si la faim devenait plus dévorante que jamais, je n'avais pas envie de salir nos retrouvailles par mes besoins vitaux j'aurais tout le loisir de partir en chasse le lendemain, si je savais qu'il serait là à mon retour pour veiller sur mon cœur.

« Non Tom pas maintenant, s'il te plait. » Dit il dans un souffle.

Je ne réponds rien à sa demande. Je n'ai pas besoin de le faire, il doit déjà sentir que je veux rester à ses côtés pour être avec mon frère c'est tout. Je lui ai déjà fait tellement de mal que je lui dois bien ça. Je ramènerai mes affaires plus tard, quand je serai sûr de vouloir revenir. Je le veux, seulement est-ce que j'en ai la force? J'en suis beaucoup moins sûr... Je le sens alors resserrer une nouvelle fois son étreinte. Je n'arrive pas à croire que je lui ai tant manqué que ça. Je le fais pourtant souffrir et il arrive encore à m'aimer avec autant de force. Je ne comprends vraiment pas comment il peut y arriver.
Je lui propose donc de me mordre, de ne plus ressentir cette soif qui le tiraille de l'intérieur mais il refuse, une nouvelle fois. je soupire légèrement en entendant son refus.

"très bien..."

Je ne dis rien d'autre alors que cette fois-ci c'est moi qui place mon visage dans son cou. Je ne supportais plus cette distance qui nous séparait. j'ai juste besoin de son odeur, de sa présence, de lui tout simplement. J'ai besoin de mon frère, mon double, mon sang. Comment j'ai fais jusqu'à aujourd'hui pour vivre aussi loin de lui. Je ferme les yeux et je reste comme ça, tout contre lui pendant je ne sais combien de temps puisque je finis par m'endormir. Je sais juste qu'en sa présence je suis comme apaisé de tous ces doutes qui m'accablent.

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